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L’AP-HP : un exemple fort des lois de Parkinson et Laborit.

Tout temps de travail sera rapidement rempli par une occupation (lois de Parkinson). L’occupation sous-tend des travaux plus ou moins nécessaires à la fonction et plus ou moins productifs. L’ajustement des temps pour couvrir les besoins sur la base d’une productivité ‘normale’ des taches, nécessite une approche Taylorienne de l’organisation. La chaîne ne répond pas au modèle organisationnel de l’AP-HP.

Martin Hirsch, qui préside les 21000 médecins, les 17000 infirmiers et les 55000 agents de l’AP-HP, a fait le constat que l’organisation de la planification des besoins et des présences s’éloignait de plus en plus d’un optimum. L’approche des repos compensateurs avec les 35 heures n’avait en rien poussé à une révision de la répartition quotidienne et hebdomadaire des besoins et de leur couverture. Les besoins liés à des taches à l’origine substitutives, se trouvent même confondus dans la planification des hommes avec les besoins productifs de base. Martin Hirsch parle donc de revoir dans les 35 heures, ‘’les manières de les organiser et de les répartir dans la semaine’’.

C’est un effet pervers des 35h que la course aux repos complémentaires. Cette course ne pousse ni à la recherche d’un lissage des activités sur une journée étendue (ex occupation des blocs opératoires) ni à la recherche de réorganisation à partir de la couverture des besoins primaires avec un rendement moyen requalifié du type BBZ (Budget Base Zero). C’est la promesse d’une action plaisante future qui pousse à occuper de façon maximisée son temps (Loi de Laborit).

La question de la remise en cause des 35 heures par Martin Hirsch porte avant tout sur les pratiques déviantes issues des 35 heures et non pas sur les 35 heures elles-mêmes ; sujet médiatiquement plus porteur et plus clivant. Les pratiques déviantes ne sont pas seulement du fait des employés mais aussi du management qui n’a pas vu dans la réduction de la journée de travail les effets encore plus pervers des lois de Parkinson et Laborit. Les taches substitutives d’occupation de sous-activité, souvent les moins impliquantes en terme d’effort, et qui en plus garantissent la pérennité du repos complémentaire, n’ont pas réduit dans la journée. Elles occupent donc proportionnellement encore plus de temps dans la planification des présences quotidiennes…

Cet effet caricatural constaté à l’AP-HP, amplifié par une activité de base fortement erratique, est présent dans tous les secteurs non Taylorisables.

Une des solutions qui est employée à l’AP-HP pour les services d’urgence, consiste à allonger la durée de la journée travaillée (vacation) jusqu’à 12 heures (avec des roulements). Car c’est dans l’allongement et la non régularité des vacations que se situe le principal frein à l’évolution des effets des lois de Parkinson et Laborit.

Le privé et les autres services publics feraient bien de s’en inspirer, lorsqu’il est impossible de s’appuyer sur une organisation Taylorienne ou coercitive.

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Philippe Gosselin

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