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L’impact écologique du travail libéré

Le record des 550 km de bouchons en IdF et celui de retard des trains (sans accident de gare) coïncident avec la présentation de la feuille de route sur la refonte de l’organisation du travail.

Une organisation du travail bien pensée a un impact sur l’écologie et la qualité de vie.
La course au redimensionnement des infrastructures de transport pour répondre aux pics de trafic est sans fin. Un jour l’empreinte au sol des moyens de transports et des surfaces de travail concentrées sera telle que pour disposer d’un logement de plain-pied, l’éloignement deviendra infini.
Seule une véritable politique de la flexibilité de la présence avec des changements d’habitudes et de contraintes permet d’écrêter et d’étaler les pics de transport et de réduire les surfaces de bureau.

La durée des transports domicile-travail est passée en moyenne en île de France à 56 mn par jour, tous modes de transport et tout facteur de proximité inclus. Ce qui transposé (étude Kéolis) donne 2h15 en moyenne pour les actifs situés à plus de 5 km de leur travail. En inflation de 2% par an sur l’IdF depuis 15 ans , quand les grandes métropoles allemandes l’ont réduit de 12% sur la même période (université de Dresde).

Quatre grands axes d’évolution n’ont pas ou peu été développés : la semaine concentrée de travail sur 4 jours (20% des administratifs dans 60% de états Canadiens et Américains), la flexibilité et l’étalement des horaires de présence physique au travail entreprise/administration (Allemagne), la désinflation des réunions physiques ou plages fixes de présence et le télétravail (Suède).

L’impact écologique sur les transports d’une réduction de 10% du volume de trafic saturé, permet de diminuer le transport entrée gare / sortie gare par rail (RER) de 6mn sur 30mn, le transport automobile de 15mn sur 30mn. Les villes Allemandes surveillées par un rapport annuel de l’université de Dresde ont notamment adopté les horaires décalés pour les scolaires et les services publics afin de démontrer leur attractivité comparative sur les temps assujettis au travail.

Quelles sont le plus grandes causes de ces échecs ? Les contraintes, que font porter sur l’organisation du travail une législation et des accords de branche intangibles, les freins culturels qui globalisent pour les caricaturer des opportunités de niches,  les habitudes des RH réfractaires aux évolutions.

Citation d’une DRH en 2012 (rapporté dans un manuel universitaire) : si les employés (en télétravail) n’utilisent pas le VPN (extension du réseau interne d’entreprise à des usagers reconnus), ils ne peuvent pas travailler pour la société POMA… pour devenir le meilleur endroit où travailler, la communication et la collaboration seront très importantes, nous devons donc travailler côte à côte… C’est pourquoi il est essentiel que nous soyons tous présents dans nos bureaux… Il faut convaincre ces DRH qu’avec la digitalisation il n’y a plus de surcharge à comptabiliser des temps de travail différenciés, atomisés et délocalisés. Ni même que le recrutement optimal ne sera pas mis en cause par l’emploi substitutif d’autres employés même dans des équipes mixtes salariés non-salariés.

Pour ces mêmes DRH aborder le travail sur 4 jours en France, c’est risquer d’exhumer les débats sur la réduction du temps de travail avec les 32 heures sur 4 jours, ou bien sur le vendredi libre sans autre contrainte de roulement – car le roulement n’est pas dans la culture française- . Une organisation en semaine compressée (4 jours)  répond aux opportunités d’extension de l’amplitude horaire et de l’amortissement sur la journée des périodes peu productives d’entrée/sortie. Elle répond aussi aux différentes opportunités d’équilibres vie personnelle/vie professionnelle au cours de l’évolution de vie des employés. C’est pourquoi elle fait flores outre atlantique ou outre-manche, au grand dam des syndicats et des RH locaux.

Toutes les organisations alternatives du travail nécessitent une flexibilité des horaires quotidiens hebdomadaires voire mensuels, l’évolution sur la libéralisation du travail y répond.

Les organisations écologiques du travail (moins gourmandes en énergie, en temps perdu et, en occupation des sols) impliquent un surcroit de travail dans les RH, surcroit contenu par l’évolution des moyens numériques. Elles obligent à la prise en compte équilibrée des envies individuelles comme des besoins d’exploitation pérenne des entreprises, prise en compte également facilitée par les outils numériques.

Toutes les solutions d’économie de surface, bureau partagé (StartUp), bureau modulaire dynamique (Sanofi) , bureau sans papier et sans stockage physique (Accenture), réunions sans bureau commun… accompagnent la limitation de l’impact des déplacements domicile-travail-école sur les durées, comme sur le dimensionnement des infrastructures de transport pour donner un véritable impact écologique au travail libéré.

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Philippe Gosselin

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