0

Le blurring rend-il obsolète les horaires de travail ?

Si vous êtes, comme 78% des salariés, sollicités par des questions professionnelles en dehors des horaires de travail et, en parallèle, amenés à régler des problèmes personnels pendant votre temps en entreprise : bienvenus dans le blurring ! Ce mot issu de l’anglais « to blur », rendre flou, met en évidence la porosité grandissante de la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle.

Ce sujet, apparu naturellement avec l’ère digitale, soulève de nombreuses questions relatives aux modes d’organisation du travail. Alors que le Code du Travail peine à évoluer, qu’en est-il des propositions sur l’évolution du décompte horaire à l’aune des outils numériques révolutionnant la vie en entreprise ?

Ce sont les cadres, souvent en contrat « forfait jour », les plus concernés par le blurring. Leur autonomie dans la gestion des horaires n’est pas un blanc-seing à la liberté d’allouer des occupations. La Cour de Cassation a, depuis 2008, prononcé la nullité de quasiment tous les forfaits jours des conventions collectives, dont les contours se révélèrent illégaux. N’oublions pas que l’employeur a la charge de prouver qu’il maîtrise les jours et heures effectués par l’employé cadre dans les normes fixées par les directives Européennes au titre de l’article L.4121-1 (non modifié) et maintenant 3121-58 du Code du Travail : 11 heures de repos quotidien, 35 heures de repos hebdomadaire, et 48 heures de travail maximum en moyenne sur 4 semaines (également l’ Art. L. 3121-21, pas plus de 44 heures sur 12 semaines, non exclu dans l’Art. L. 3121-60 – projet de loi El Khomri). La sanction de la chambre sociale de la cassation est normalisée : le paiement des heures supplémentaires supposées au-delà des 35 heures (sans modulation) jusque trois années en arrière et même 3 ans après le supposé constat des faits. Ici donc une bonne raison de se pencher sur le sujet du blurring, n’est-il pas !

Comment allier l’autonomie des cadres, le suivi de leurs horaires et le phénomène de blurring ?

La solution serait de réaliser, avec une application mobile sans contraintes de lieux et d’horaire un suivi de l’allocation de temps du planifié au réalisé avec des outils de pointage autonomes ; suivi modifiable pour préserver l’autonomie inhérente au statut de forfait jour. Si le partage d’agenda (type GoogleAgenda) peut apparaître comme la solution pour saisir et reporter la planification d’un individu, elle ne permet pas l’intégration des horaires dans une solution globale d’optimisation des heures de présence pour couvrir l’évolution des besoins et des disponibilités, comme le permet la cassation dans les contraintes d’un forfait jour. La solution choisie doit comporter non seulement l’instantanéité de conjugaison de multiples agendas, mais aussi l’encadrement des sommes d’heures effectuées et planifiées.

Cette même application mobile de pointage et de planification, permet d’intégrer le contrôle autonome de l’atomisation des périodes travaillées par les connexions personnelles dans l’univers du travail courant. Elle contrôle aussi la déviance liée à l’hyper connexion hors du cercle de travail. Il restera toujours de la seule responsabilité du salarié de préserver ses 11 heures de repos.
En cette semaine de la qualité au travail, il est d’actualité de préciser que respecter l’équilibre de vie des employés engendre nécessairement comme moyen de prévention et de curation, du pointage et de la planification sur des outils numériques dont 76% des cadres estiment qu’ils ont un impact négatif sur leur vie personnelle. Tartuffe ?

Tweet about this on TwitterShare on FacebookShare on LinkedInShare on Google+Email this to someone

Laurine Deschamps

Laisser un commentaire